Catégorie : Billet d’humeur

Lettre à mon petit poulet

Un petit bonhomme crie non loin de moi.
On me demande de suivre une femme en bleu, je manque de m’exploser la tronche par terre en trébuchant sur un câble qui traîne à mes pieds.
Ouf, je reste sur mes deux jambes. Ce qui est, vu le moment, un exploit.
J’arrive quand même à avoir dans ma tête cette pensée qui passe : « Heureusement que c’était pas le cordon ombilical ! ». Tu connais ton papa, toujours une connerie dans la tête.

Mais faut me comprendre aussi, en 5 secondes, tu as chamboulé ma vie.
Et je suis là, debout, derrière, à ne pas trop comprendre pourquoi autant de monde s’affaire autour de toi. Tout ce que je pense moi c’est « vu la paire de balloches qu’il se tape, comment il va faire pour s’asseoir ??? » Ouais, désolé, je suis un peu à l’ouest à ce moment-là.
Faut dire aussi que tu nous as surpris avec ta maman, à arriver 3 semaines avant, alors qu’on venait juste de décider de ta date d’arrivée ! Bien le fils de tes parents, déjà casse-bonbon !

Après une nuit à entendre ta maman faire le loup, j’avais un peu la tête ailleurs, et tu me l’as remise bien en place.
On te met enfin dans mes bras, petite cacahuète d’à peine 2 kilos 5.
Et là, ça y est, je réalise : je suis Papa.

Tu te souviens de ce que je t’ai raconté à ce moment précis ?
C’était les premiers mots que je te disais :

Coucou petit poulet
C’est Papa

Tu ne sauras jamais à quel point on t’as attendu
Mais on t’aime déjà beaucoup

Ensuite je t’ai emmené voir ta maman, (histoire de pas faire trop mon perso) et après, c’était parti !

  • La chambre de maternité à 20 000 degrés
  • Les biberons en pleine nuit
  • Les Burger King pour se donner du courage
  • Les matchs de coupe du monde alors que je déteste le foot
  • Le retour à la maison à 20 km/h pour pas t’abîmer
  • L’arrivée à la maison : mais où on va le poser ?
  • Les gazouillis et les petits bruits
  • Les mouvements pas encore contrôlés
  • Les pleurs et les cris
  • Les pets et les rots (souvent sur Papa)
  • La première terrasse
  • Les escapades au ciné pour te laisser avec Maman
  • Les tête-à-tête pour laisser souffler Maman
  • Les présentations à toute la famille et aux copains
  • Les petites vieilles dans la rue (« ah ben c’est tout neuf ça » )
  • La validation du chat face à ce nouveau petit être
  • L’apprentissage de la vie à trois.
  • Retourner bosser et rater tes premières petites évolutions
  • Sécher le boulot pour venir te récupérer
  • Essayer de te calmer et t’apaiser
  • Le stress et la fatigue des premières nuits
  • Le stress et la fatigue même quand tu dors bien
  • Ta façon bien à toi de dormir sereinement #bruitsdebouledogue
  • Ton premier rhume et le mouche bébé
  • Tes colères et tes pleurs (5 mois, et t’as toujours pas compris que ton biberon allait arriver sans que tu aies FORCÉMENT besoin de hurler)
  • Tes premiers sourires
  • Tes premiers regards vraiment adressés à nous
  • Tes yeux grands ouverts quand Maman te raconte une histoire
  • Ta fierté d’être assis
  • Ton impatience d’être plus grand
  • Ton premier rire

  • Ma vie totalement transformée.

Je n’ai pas eu de grosse révélation spirituelle, et je dois encore me pincer tous les jours quand je te regarde : je ne vis pas que pour moi désormais, et quoi qu’il arrive tu vas compter sur moi pour t’élever et te faire devenir une personne pas trop dégueulasse.
Même si j’en ai parfois marre, parfois besoin de respirer ailleurs, sache, mon petit poulet que je serai là.

  • Pour les bruits débiles pour te faire sourire
  • Pour te foutre la honte avec mes blagues nazes
  • Te conduire partout, tout le temps (parce que vu comme c’est parti, ta mère aura son permis en 2028)
  • T’expliquer que la vie c’est dur mais qu’on peut facilement la rendre chouette
  • T’expliquer que tu n’es pas obligé d’aimer tout le monde mais que tu dois au moins tous les respecter, pour ainsi pouvoir te respecter
  • Pour te faire découvrir tout ce que j’aime, et essayer de ne pas trop être déçu quand tu me diras que tu veux faire du foot
  • Pour faire les fous ensemble, mais pas trop longtemps hein, papa est gros
  • Pour te donner la main et t’accompagner où que tu veuilles aller, quel que soit l’endroit et avec qui
  • Pour que tu sois heureux, même quand c’est difficile
  • Pour que tu nous ressembles, mais pas trop
  • Pour que tu sois simplement, toi.

Grandis bien mon bonhomme, mais pas trop vite.
Ton papa.

Vivre avec un bébé : le jeu des 15 différences

Encore un mois de passé depuis le dernier article. C’est bien simple, depuis l’arrivée du petit poulet et avec la reprise du travail, je n’ai plus le temps de rien. Mais ce n’est pas la seule chose qui a changé…

  • Avant, on me disait que je faisais moins que mon âge. Aujourd’hui, on me dit que j’ai l’air fatiguée.
  • Avant, je pouvais garder le même T-shirt 2 jours d’affilée. Aujourd’hui, mes vêtements restent parfois propres pendant 2H.
  • Avant, le weekend, je pouvais facilement dormir jusqu’à 11H. Aujourd’hui, me réveiller à 8h c’est une super grasse matinée.
  • Avant, j’avais un salon. Aujourd’hui j’ai une aire de jeux.
  • Avant, je me servais de la machine à laver deux fois par semaine. Aujourd’hui, je m’en sers deux fois par jour.
  • Avant j’avais un travail. Aujourd’hui j’en ai deux, dont un très salissant qui n’est même pas rémunéré.
  • Avant je bossais sur mon temps perso. Aujourd’hui j’oublie complètement le projet sur lequel je bossais une fois la porte de mon bureau franchie.
  • Avant quand on sortait au restaurant je me renseignais sur le menu. Aujourd’hui je me renseigne sur les toilettes, et sur la présence ou non d’une table à langer.
  • Avant je montais à l’avant dans la voiture. Aujourd’hui je suis derrière « parce qu’on ne sait jamais le bébé pourrait avoir besoin de quelque chose ».
  • Avant quand on allait chez des amis on ramenait de l’apéro. Aujourd’hui on ramène la moitié de notre maison.
  • Avant j’avais des amis sans enfants. Aujourd’hui, je les ai sûrement encore, mais… qu’est ce qu’ils deviennent au fait ?
  • Avant j’allais chez le médecin deux fois par an. Aujourd’hui on va chez le pédiatre deux fois par semaine (merci la crèche !)
  • Avant les parents des bébés qui pleuraient dans le bus m’exaspéraient. Aujourd’hui je leur envoie mentalement des ondes positives.
  • Avant j’avais de la place sur mon téléphone. Aujourd’hui j’ai 389 photos de bébé.
  • Avant on était deux, et c’était déjà cool. Aujourd’hui, on est trois, et malgré le quotidien bouleversé, la fatigue, la nouvelle organisation à mettre en place, les nouvelles priorités, les nouvelles contraintes… Il nous suffit d’un sourire de bébé baveux et édenté pour oublier instantanément les galères de la journée.

Mode rabat-joie ON.

On est champions du monde, youpi youpla boum tralala…

Appelez moi madame Rabat Joie si vous voulez, mais cette coupe du monde me laisse totalement de marbre. C’est assez bizarre de passer autant à côté d’un évènement qui fédère le pays entier. Les plus bourrés sensibles sont en train de pleurer dans la rue, les nostalgiques repassent la musique de France 98, les patriotes chantent la marseillaise, les pétards claquent, les voitures klaxonnent… Et moi je suis enfermée à la maison, à pester toute seule contre le bruit dehors en écoutant de la musique d’adulte (la BO d’un dessin animé Disney), en mangeant un repas d’adulte (un bol de céréales), tout en surveillant d’un oeil de louve la petite chose braillante qu’on a extraite de mon ventre, et qui présentement est en train de ronfler tout ce qu’il peut. Au moindre signe de réveil, je me précipiterai dans la cuisine pour préparer son prochain biberon.

Ma priorité, aujourd’hui comme hier, ce n’était pas de savoir si 11 guignols en shorts allaient réussir à marquer des buts. C’est de réussir à aller me coucher en me disant « il respire encore, il n’a pas l’air malheureux, mission accomplie ».

…et je sais que ce n’est pas une réaction saine. Je n’ai pas envie d’être le genre de mère qui pense bébé, parle bébé, respire bébé, vit bébé… Je l’ai clamé haut et fort durant toute ma grossesse, « ce n’est pas parce que je vais pondre que je vais changer ! ».
Mais voilà que je me surprends à ne pas réussir, pour le moment en tout cas, à m’intéresser à autre chose qu’au bien-être de la « chair de ma chair ». Foutues hormones.

Je me fixe donc un objectif pour la semaine prochaine : réussir à sortir sans le bébé, pour faire autre chose qu’aller acheter des couches ou du lait. On y croit. Après tout, on est champions du monde…

 

 

 

Tout ça, c’est de SA faute !

Moi, devenir maman? On peut dire que ce n’était pas gagné d’avance… Jusqu’à il y a environ deux ans, mon entourage me connaissait comme « celle qui ne veut pas d’enfant ». Il faut dire que je ne me gênais pas pour clamer haut et fort mon aversion pour ces petits êtres braillants qu’on appelle « bébés ». Je m’extasiais bien plus facilement devant un chiot ou un chaton qu’un bébé, je m’étais toujours arrangée pour ne jamais avoir à porter un nourrisson, et dans mon esprit la grossesse s’apparentait à une maladie: grossesse, ténia, même combat, sauf qu’au moins le ténia te fait maigrir, LUI.
Tomber enceinte, pour moi, c’était en fait accepter volontairement de jouer dans le remake d’Alien.

Quand ma soeur m’a annoncé qu’elle était enceinte, il y a presque 12 ans, ma réaction a été totalement saine, adulte et responsable : je suis allée m’enfermer dans la salle de bain et je me suis mise à pleurer. Des pleurs de joie? Absolument pas, des pleurs de panique plutôt. Dans mon esprit, il allait forcément lui arriver quelque chose de terrible pendant ces 9 mois, le bébé allait lentement mais sûrement lui aspirer son énergie.

Et puis je l’ai rencontré. Lui avec qui tout se passe si bien depuis presque 6 ans. Lui avec qui on affronte les petites et grosses galères de la vie (presque) sans sourciller, qui me soutient dans mes lubies et mes névroses, qui m’a fait découvrir qu’on pouvait se sentir « en famille » dans son couple, qui a adopté malgré ses pseudo allergies mon chat obèse et envahissant. Avec qui on a réussi à traverser une longue période de double chômage à la maison sans se balancer la vaisselle à la tête. Et qui après tout ce temps continue à me complimenter et me trouver jolie, malgré ces sournois de kilos en trop qui se sont doucement mais sûrement installés dans certaines parties de mon anatomie (note aux célibataires : profitez de votre taille de vêtement actuelle, ça ne durera pas !).

Sauf que lui, les enfants, c’était son truc. Alors que je pensais la mienne fracassée depuis longtemps, son horloge biologique à lui tournait, tournait, tournait…

…et voilà le résultat. Il y a deux ans, pour lui, je me suis dit qu’on pouvait essayer. Que ce foutu instinct maternel devait bien être planqué quelque part, et qu’il finirait sûrement par pointer le bout de son nez quand un mini-nous fera son apparition. Qu’un mélange de nous deux, ça pourrait être cool finalement. Que malgré mes ovaires un peu pourris qui ont fait dire à ma gynéco « ah ben ça va pas être simple hein, il faudra sûrement prendre un traitement, ça risque de prendre du temps », on pourrait peut-être y arriver… Et que PEUT-ÊTRE je serais capable de survivre à la grossesse. Spoiler alert : pour le moment, il semblerait que j’y ai survécu…

 

 

Point sur la situation

A l’heure où j’écris ces lignes, je suis épuisée. Je sens le vieux lait caillé, je porte une couche, j’ai mal partout, une cicatrice parcourt le bas de mon ventre, mon nombril ne ressemble plus à rien, des feuilles de chou garnissent mon soutien-gorge et je ne suis pas sortie à plus de 100 mètres de la maison depuis 4 jours.

A l’heure où j’écris ces lignes, un petit être que je ne connais pas encore vraiment fait des petits bruits bizarres à côté de moi, et je sais que ça signifie qu’il va bientôt falloir aller mélanger 30g de lait en poudre à 90ml d’eau.

A l’heure où j’écris ces lignes, les français espèrent de tout leur coeur réitérer l’exploit de 98 et remporter une nouvelle fois la coupe du monde. De mon côté, j’espère de tout mon coeur réitérer l’exploit de cette nuit et réussir à dormir à nouveau plus de 2h consécutives. Si ça arrive j’aurais vraiment l’impression d’être championne du monde.

A l’heure où j’écris ces lignes, cela fait 9 jours que mon couple est devenu une famille. Et bordel, c’est quand même une sacrée aventure !